Le Rancure et l’ensemble de ces affluents sont des cours d’eau présentant des périodes d’assec importantes.
Le bassin versant n’est pas instrumenté, la connaissance des débits de crue est assez peu précise et basée sur des modélisations hydrauliques.
SOGREAH, en 2007, a estimé les débits des crues centennales sur le torrent de Puimichel et le Rancure au Castellet ; ce sont :
- Le torrent de Puimichel : 80 m3/s
- Le Rancure au Castellet : 145 m3/s
Le Plan de Prévention des Risques d’Oraison évoque deux crues récentes :
- Le 29 août 1992 : crue du Rancure, le pont du lotissement Sainte-Anne est submergé et abîmé. Le Lotissement du Vézier est envahi (source RTM)
- Le 7 janvier 1994 : crue du Rancure avec accumulation de matériaux au niveau du pont du Vézier et du pont de Sainte-Anne nécessitant l’utilisation de pelles mécaniques pour éviter les débordements (source RTM).
Le PPR précise également qu’en 1992, 1993 et 1995, Oraison a connu de forts orages qui ont conduit à l’évacuation de certaines habitations le long du Rancure.
Le PPR de la Commune du Castellet est à l’étude.
Dans le diagnostic mené en interne, le Syndicat a réalisé une analyse diachronique du lit du Rancure grâce aux photos aériennes disponibles. Cette analyse a mis en évidence :
- Un charriage des sédiments historiquement important. Le lit large et non végétalisé des anciennes photos témoigne que le Rancure et le Puimichel sont capables d’un charriage important si les conditions sont réunies (crues morphogènes, et galets disponibles).
- Une réduction de la bande active des cours d’eau :
-
- par fixation des boisements alluviaux, due notamment à une raréfaction des crues morphogènes,
- et dans une moindre part, par les aménagements anthropiques (route, champ, bâtiments).
- Une augmentation de la densité des boisements des versants. Les versants étaient autrefois nus et assuraient une fourniture sédimentaire plus importante au cours d’eau.
- Peu de déprise agricole sur le bassin versant. Cette activité s’est bien maintenue, et les surfaces exploitées n’ont pas beaucoup évolué en 80 ans. On remarque simplement comme partout en France, une réunion des petites parcelles en grandes parcelles.
- Une perturbation de la confluence. Les photos anciennes renseignent sur une confluence naturellement fermée par de nombreux boisements dans les années 30 à 50 ; au point que le transit sédimentaire n’est pas visible jusqu’au lit de la Durance. La construction du canal EDF (début des années 60) a conduit à l’aménagement du Rancure dans un passage bétonné et couvert sur près de 120 ml. L’exploitation des terres entre le Rancure et la Durance a alors pris beaucoup plus d’importance ; le Rancure en aval de cet ouvrage étant réduit à un fossé rectifié.
En cohérence avec la réduction de la bande active des cours d’eau observée sur l’analyse diachronique et avec le boisement important des versants (réduisant la fourniture sédimentaire), les lits des cours d’eau présentent des zones d’incision.
En effet, les matériaux sont facilement érodables (galets ou argiles), et les vitesses sont accentuées par le rétrécissement du lit : les berges et le fond du lit sont donc érodés.
Ce phénomène a particulièrement pu être observé dans le cadre du présent diagnostic, grâce à l’occurrence de fortes crues morphogènes en fin 2019.
Les traces d’incision sont majoritairement observées sur les hauteurs du bassin versant. A l’inverse plus bas dans le bassin versant, sur le Rancure et le Puimichel principalement, les visites post-crue 2019 mettent en avant des zones d’exhaussement. Les dépôts se forment à la faveur d’une rupture de pente, d’un ouvrage bloquant, voire d’un embâcle quelconque.
Le phénomène d’incision, soit un enfoncement du lit, se produit lorsque les apports sédimentaires venant de l’amont sont insuffisants pour la capacité de charriage, et que ce déséquilibre ne peut pas se corriger avec une érosion latérale (en berges).
L’incision peut s’auto entretenir : le lit s’enfonçant et se rétrécissant, il concentre les courants, accentue les vitesses et donc la capacité d’érosion.
Les effets pernicieux du phénomène sont principalement :
- un déchaussement des ouvrages (protection de berges, ouvrages hydrauliques, ponts, seuils),
- un abaissement de la nappe phréatique par création d’un drain et donc :
- une possible déconnexion des boisements alluviaux de leur ressource en eau,
- une possible déconnexion des autres prélèvements de nappe (eau potable notamment),
- un appauvrissement des matériaux alluviaux formant le lit des cours d’eau, dans la mesure où ils représentent une zone d’intérêt pour la faune (amphibiens ou insectes).